< Tous les articles Théâtre Silence Vacarme de Pauline Ringeade à la Manufacture Par Josh 17 avril 2024 On était à la première de Silence Vacarme ce mardi au Théâtre de la Manufacture. Un spectacle sonore porté par une comédienne, où chaque détail qui l’entoure peut prendre vie. Elle manie les sons, les transforme. Ils naissent de souvenirs puis deviennent ses partenaires de jeu, son décor. C’est une aventure sensorielle unique, où le récit se confond au bruit. Silence Vacarme est né de l’envie de Pauline Ringeade, autrice et metteuse en scène, de créer un solo pour Claire Rappin, actrice, musicienne et chanteuse. Dans un décor occupé de quelques enceintes et instruments, la comédienne voyage à travers sa mémoire : des forêts vosgiennes aux cigales, d’une salle d’accouchement à des fraises révolutionnaires. Entendre quelqu’un, c’est déjà en être proche. Alors elle nous laisse entrer dans son intimité, au rythme des souvenirs qu’elle invoque. Crédit photo Laetitia Piccarreta « Les sons c’est inventer de la vie« . Claire Rappin n’est pas guidée par les bruits qui l’entourent, elle les fabrique elle-même pour faire vivre son récit. Elle concrétise des bruits simples et en invente des personnages. Les instruments se transforment en animaux. L’ambiance sonore se change en décor. Les souvenirs personnels deviennent communs. Elle convoque le jardin de son enfance, le chant des oiseaux, les mots tranchants des adultes. Sa réalité devient la nôtre. « Un son c’est un éveillement de l’instant« . Chaque note se rencontre, se suspend, se répète. L’embarcation est harmonieuse, et on se laisse emporter. Pauline Ringeade touche autant à l’intime qu’au commun, et sa mise en scène permet de s’oser à rêver, de divaguer, de passer de la concentration à l’égarement, sans que ça ne complique la compréhension du spectacle. Elle nous invite à nous perdre dans nos pensées, à nous attacher aux sons, à ce qu’ils évoquent en nous. Puis à revenir dans le récit, chacun·e à son rythme. « Les sons c’est une résistance« . La comédienne fait du son une ressource que l’on peut s’approprier et revendiquer. Comment le choc des vibrations crée des tempêtes immenses ? Le bruit est-il la dernière source de révolte ? Les nouveau-nés ne commencent-ils pas par émettre un son ? Faut-il se faire entendre pour affirmer son identité ? Des travailleurs agricoles aux femmes enceintes, le son est un moyen de survie, une manière de passer d’objet à sujet de notre existence. « Les sons sont tout ce que les noms ne peuvent définir« . Face à l’organisation normée de la société, chaque son permet d’apporter sa propre définition. Une voix est plus déterminante qu’un prénom, un chant l’est plus qu’une classification. Les sons sont un outil infini pour imaginer, inventer, créer. C’est notre langage universel, celui qui ne peut être totalement censuré. Crédit photo Laetitia Piccarreta Le bruit est rarement à l’honneur sur scène. Dans Silence Vacarme, il est le moteur du propos. Pauline Ringeade et la compagnie L’iMaGiNaRiuM ont rendu hommage aux sons, à ces éléments imperceptibles qui sont au cœur de toute vie. Le spectacle met nos sens à l’affût : il nous laisse partir puis nous rattache. Et surtout, il arrive à changer notre point de perception. Ce qui retient notre attention, c’est n’est plus la comédienne mais ce qui l’entoure, ce qui est invisible et qui bruite. Le caché devient acteur, et notre ouïe apprend à voir. __ La pièce est à retrouver au Théâtre de la Manufacture : Mercredi 17 avril à 19h. Retour au bar après le spectacle. Jeudi 18 avril à 20h. Vendredi 19 avril à 20h. Prenez vos places ici. Toutes les infos sur le spectacle ici. __ Jeu et composition Claire RappinMise en scène Pauline RingeadeÉcriture Antoine Cegarra, Claire Rappin, Pauline RingeadeAssistanat mise en scène Louise de BastierCréation et régie lumière Fanny PerreauCréation et régie musique et son Pierre-Mathieu HebertScénographie Cerise GuyonCostumes Aude BretagneRégie générale et plateau Yann ArgentéAvec les voix de : Thérèse Rappin, Teresa Alvarez Maria, Claire Schirck, Suzanne Aubert, Adèle Ringeade, Véronique Ringeade, docteure Bassi, le cœur de Loïs Geoffroy, Sacha et Zoé Rappin, Éléonore Auzou-Connes.Diffusion, développement compagnie Florence BourgeonAdministration – Production / Laure Woelfi et Victor Hocquet, La Poulie ProductionRelations presse Olivier Saksik, Elektronlibre Durée : 1h20Dès 14 ansTarifs : de 5 à 22 €. Plus d’infos ici. __ Josh Photos de Laetitia Piccareta À lire aussi Évènements Théâtre Notre bilan du Festival d’Avignon 24 Juil 2024 Le Festival d’Avignon a fermé ses portes ce 21 juillet. Il est temps de dresser le bilan. 35 spectacles dans le IN, 1666 dans le OFF, dans une période resserrée et avancée pour ne pas empiéter sur les JO. Un contexte forcément modifié par les échéances électorales (entre-deux-tours pendant la première semaine du Festival), qui Évènements Théâtre Léviathan de Lorraine de Sagazan — Festival d’Avignon 21 Juil 2024 Quelle claque. C’est le mot d’ordre à la sortie de Léviathan. Lorraine de Sagazan et Guillaume Poix ont façonné un spectacle-monstre, d’une beauté plastique mystique et d’une langue à la justesse cinglante. Le système judiciaire français est livré en comparution immédiate : on dévoile les vices d’un pouvoir malade et on établit les alternatives pour Évènements Théâtre Quichotte de Gwenaël Morin — Festival d’Avignon 20 Juil 2024 Il arrive des spectacles où la déception l’emporte sur l’amour que l’on porte à un·e artiste. Le théâtre de Gwenaël Morin a beau être l’un des plus intéressants du siècle, il n’a pas réussi à surmonter Don Quichotte. Jeanne Balibar et Marie-Noëlle y sont magiques, mais elles manquent cruellement de soutien. Chronique d’un metteur en À la loupeCartes postalesDossiersHoroscopeInterviewsPlaylists